Clussais la Pommeraie
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Dés Le 10° siècle
L’église Notre-Dame de Clussais, récemment dégagée de constructions environnantes, s’élève sur une butte rocheuse dominant des terres humides. Dépendance de l’abbaye Saint-Junien de Nouaillé, elle existe déjà au milieu du 10° siècle. On ne sait rien de cet édifice primitif. En 1084 est attestée une présence monastique. L’emplacement du prieuré n’a pas été localisé avec certitude mais il était probablement implanté au nord de l’église.

Une histoire mal connue
Plus sérieusement qu’une construction par la légendaire fée Mélusine, on peut évoquer les 12° et 13° siècles pour dater l’édifice actuel. Les textes manquent pour préciser les étapes de la construction. Même les travaux de l’abbé Treuille, à la fin du 17° siècle sont mal connus, tout au plus peut-on affirmer qu’il fit aménager la porte sud, vers le presbytère.

Après la Révolution, l’église est dans un état lamentable. Quelques travaux de consolidation du clocher en 1841. Une campagne suivra le classement obtenu en 1907 et l’entretien sera plus régulier par la suite. Ainsi, la couverture de « platins » (pierres de couverture très utilisées dans la région : Vançais, Sainte-Soline …) sera refaite, les pierres étant posées directement sur la voûte et sur bain de mortier.

Étrangeté des proportions
Le clocher-porche, dont l’étage abrite deux cloches, domine de sa masse imposante la longue nef corseté par des contreforts très massifs. La façade comprend deux niveaux. La porte est accompagnée de deux arcades aveugles marquées par un cordon sculpté. Son archivolte brisée retombe sur des colonnettes que leurs chapiteaux imitent à dater vers l’an 1200. Au-dessus, s’ouvre une petite baie entre deux arcades en plein cintre. La travée sous clocher est couverte par une coupole aux nervures prolongées par de courtes colonettes sur culots. Du 13° siècle, elle rappelle l’abbaye de Nouaillé.

Reposant sur une ancienne meule et sur une base de colonne d’apparence romane, la belle cuve des fonts baptismaux, en pierre meulière locale, contraste avec le calcaire de la construction.

L’octogone (huit côtés) est une forme souvent utilisée dans les baptistères : le 8 est en effet le chiffre du renouveau. La Création a demandé six jours, suivis du sabbat; le Christ, le lendemain d’un jour de sabbat, la transfigure par sa résurrection.

On accède à la nef proprement dite par un degré de 4 marches. Ses trois travées sont rythmées par des arcs doubleaux retombant sur de courts pilastres achevés en pointe. La voûte en berceau brisé est reçue par un discret quart-de-rond. Cette grande sobriété rappelle l’architecture grandmontaine.

L’ordre de Grandmont, fondé dans le Limousin par Etienne de Muret, au 12° siècle, possédait tout près de Clussais le prieuré de Fontadam, ou Font-Adam. De cet établissement détruit au 14° siècle ne restent que des bassins recueillant une eau aux vertus réputées thérapeutiques. L’assemblée des fidèles est accompagnée vers le choeur par un peuple de saints. Ces platres moulés modernes témoignent des dévotions d’une époque. On remarquera plus particulièrement Junien le saint patron de Nouaillé, et Radegonde, très vénérée en Poitou.

Junien et Radegonde, qui entretenaient des relations d’amitiés, seraient morts le même jour, 13 août 587. Selon la légende, les messagers partis annoncer leurs décès se seraient croisés…à Fontadam.

L’inégalité des travées, légèrement plus courtes et plus étroites comme l’on progresse vers le choeur, accentue l’impression de longueur que donne la nef. Les vitraux, des grisailles d’ornement, proviennent des ateliers Dagrant, de Bordeaux, et datent de 1910.

Le sanctuaire comprend une travée droite et une abside en hémicycle. Ses baies avec leur entourage torique retombant sur des colonettes de même diamètre par l’intermédiaire d’un étroit chapiteau, constituent une autre référence à l’architecture romane limousine.

Alors que l’église, pour sa plus grande partie, paraît dater de la seconde moitié du 12° siècle, le cul-de-four de l’abside a été remplacé, probablement au début du 13° siècle, par une voûte dont les nervures sont reçues par des culots. Les grandes colonnes engagées sont coiffées de chapiteaux. On remarquera surtout celui dont le tailloir s’orne de nids d’abeilles et la corbeille d’amusantes chèvres entre des feuillages.

L’autel neo-roman est dominé par une grande Vierge à l’Enfant, elle aussi moderne, offerte par une famille qui, en 1905, put la protéger de la confiscation.

Avoir encore …Un enfeu médiéval dont la pierre tombale a malheureusement été remplacée. Des traces de peinture murales dans la nef et le choeur(litre funéraire).

Le chevet
Il ne faut pas quitter Clussais sans admirer le chevet, partagé en trois zones par des contreforts-colonnes. Les modillons de la corniche y alignent des petits sujets pleins de verve (animaux, personnage tenant des cardes…). Sur les parements du grand appareil sont repérables des marques lapidaires, v et +, ainsi que les trous de différents aspects laissés par les échafaudages des bâtisseurs.

La croix antéfixe est moderne. Elle témoigne du désir de la communauté de marquer visiblement son église du signe du salut offert par Dieu.

L’ampleur de sa nef (vaisseau) permet à Notre-Dame de Clussais, pourtant excentrée, d’abriter aujourd’hui les grands rassemblements du secteur pastoral.